En regardant des représentations photographiques ou iconographiques de personnes qui méditent, il est courant qu’elles apparaissent avec une position des mains particulière. À un certain point d’avancement dans la pratique, la question de la valeur de ce jeu de doigts peut se poser ? Cet article donne les clefs de ce qui est recherché par la position des mains, et de manière plus globale, de la Méditation elle-même.

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  • À l’origine,
  • les différents courants,
  • l’imprégnation de la religion,
  • les croyances,
  • la Méditation laïque,
  • trouver sa position,
  • pour finir.

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À l’origine


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Afin de mieux situer cette pratique multi-millénaire, il est intéressant d’appréhender la Méditation à travers ses origines. Selon les historiens, il est impossible de dater précisément sa genèse. Mais il y a un consensus autour de fresques rupestres, découvertes en Inde et datées de 4 000 avant J-C. Les premières traces écrites remontent à 2 500 ans avant notre ère. Elles seraient la retranscription d’une transmission orale bien plus ancienne.

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Les courants


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La Méditation actuelle est empreinte de deux grandes traditions religieuses :
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  • Il y a tout d’une part l’hindouisme. La relation avec la Méditation la plus répandue en Occident est indirecte. Elle s’effectue par le biais d’une pratique corporelle devenue commune, le yoga. Il est souvent proposé en fin de séance, quelle qu’en soit la forme et l’imprégnation spirituelle, un temps de méditation. Dans son aspect originel le yoga visait «par la méditation, l’ascèse morale et les exercices corporels, à réaliser l’unification de l’être humain dans ses aspects physique, psychique et spirituel », définition Wikipedia. Il est d’ailleurs étonnant de constater comme l’avènement de la Méditation est indépendant de cette pratique.

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  • Et d’autre part le Bouddhisme avec Vipassana qui en est la source, aussi bien pour les courants de Méditation qui en portent le nom que celles issues de la branche japonaise Zen. Le mouvement actuel de la pleine conscience s’en inspire directement en reprenant uniquement les techniques afin d’en laïciser l’approche.

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Il existe une troisième voie plus discrète, occultée par les mouvements majeurs, celle qui a vu, de tout temps, des individus s’éveiller à leur véritable nature en s’immergeant dans la pratique. Cette méthode, directe et originelle, est possible en utilisant l’outil dans sa forme la plus pure. C’est-à-dire, comme un instrument de recherche et d’observation rationnel, à partir d’une démarche purement scientifique et pragmatique, libérée de tout dogme. Exactement de la même manière que Sidharta Gautoma devint l’éveillé, le Bouddha. Il est loin d’être le seul, bien d’autres personnes atteignirent cette réalisation après lui, et continuent. Mais aussi très certainement avant lui. Il est simplement le plus célèbre d’entre eux.

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L’imprégnation de la religion dans la position des mains


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Très bien me direz-vous, mais quelle est la relation avec la posture des mains en Méditation ?

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Ce sont les Mudras. Terme Sanskrit, commun au bouddhisme et à l’hindouisme, qui désigne une position symbolique et codifiée des mains.

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Dans l’aspect primaire de la première tradition, la représentation du Bouddha était proscrite et les multiples positions des mains en symbolisaient les différentes formes. Concernant l’hindouisme, elles sont l’expression d’un sentiment ou d’une situation déterminée, matérialisant une voie de communication privilégiée avec le divin.

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Mudras kathak

Mudras utilisés en danse traditionnelle Indienne

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L’autre utilité de ce jeu de doigts est la concentration qu’il requiert. Ce travail préliminaire s’effectue dans la majorité des courants de Méditation à l’aide de supports diverses et variés : les mains, les sensations, la respiration, la vue… Il consiste à stabiliser le mental à l’aide de techniques de focalisation. La Méditation n’est pas la concentration, mais en développer l’acuité est indispensable pour avancer.

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Les Mudras les plus connus sont hindouistes : le Jnana Mudra et le Chin Mudra, qui représentent respectivement, la conscience et la connaissance. Ils sont censés agir sur le corps, le psychisme et l’esprit en illustrant le lien étroit de la conscience humaine avec la totalité de l’être.

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Les Mudras les plus connus
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Les croyances


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Il est intéressant de prendre conscience de l’imprégnation de la pratique par des traditions religieuses et de noter ainsi comme le sens premier des rituels est souvent oublié. Ce qui illustre, cet esprit collectif qui invite à reproduire des cérémonials anciens tout en occultant leurs origines. Il est amusant, à ce titre, d’observer comment des enfants, même très jeunes, miment une personne qui médite en joignant le pouce et l’index spontanément. Par ailleurs, il y a les croyances qui se nourrissent du besoin impérieux du mental de projeter en mot et en image les sensations, émotions, expériences.

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Mais s’il suffisait de relier les doigts pour résoudre le mystère existentiel de la vie, cela serait peut-être alors, une étape franchie par l’humanité depuis longtemps ?

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Les croyances sont insidieuses et loin d’être seulement l’apanage des religions. Celle banale, attachée à la position des mains est de tourner les paumes vers le haut, afin de relier, comme je l’entends régulièrement, l’univers à la terre par l’intermédiaire de l’être. Là encore, ce lien du visible à l’invisible ne peut exister sans avoir recours à l’imagination. La pratique de la Méditation laïque va permettre d’investiguer au-delà des apparences, et ainsi mettre en évidence les tendances mentales, pour finalement les défaire.

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Il apparaît important de préciser qu’il n’y a rien à dénoncer parce que chaque chose est à sa place. Le but de ce travail d’écriture est d’apporter la lumière suffisante permettant, autant que possible, une approche rationnelle au service de l’outil, avec, pour objectif, d’aider à faire des choix personnels en toute lucidité, quels qu’ils soient.

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La voie de la Méditation laïque


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Elle est cette voie directe décrite plus haut, qui invite à cette démarche pragmatique et scientifique, en apprenant à observer par soi-même :

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  • les pensées, elles vont et viennent, comment s’y référer ?
  • Les sensations, les émotions, elles aussi en perpétuels mouvements.

De la même manière, il est impossible de fixer quoi que ce soit de cette danse cosmique. En allant encore plus en avant, une fois ce corps tranquillisé et ce mental stabilisé, se découvre cet espace de paix qui a toujours été là.

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C’est incroyable de réaliser, à posteriori, non seulement la puissance de ce qui est proposé, mais aussi la simplicité. C’est peut-être justement ce qui en fait sa difficulté parce qu’il est requis une certaine maturité : celle d’avoir vécu assez d’expériences ultimes pour remettre en question les certitudes et les petits compromis avec soi-même. Ainsi, au fil de l’immersion dans la pratique, être en mesure d’abandonner toute forme de croyances, de préjugés, pour laisser finalement dominer ce qui a toujours été là, caché par les 50 000 pensées qu’une personne a en moyenne par jour.

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La juste position des mains


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Il devient alors évident que la bonne position des mains, au même titre que celle du reste du corps, a pour seul et unique objectif de contribuer au confort indispensable pour tenir dans la durée. Si une séance doit s’arrêter à cause de gênes corporelles, c’est que la posture n’est pas juste. Ce qui est recherché par l’intermédiaire des bras et de leurs prolongements que sont les mains, est, d’une part, à stabiliser et maintenir la verticalité de la colonne vertébrale en s’en servant comme points d’appui. Et, d’autre part, favoriser l’ouverture des épaules afin de soutenir l’ampleur du mouvement respiratoire.

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Il s’agit avant tout de bon sens et d’observation. Si les bras sont laissés ballants, par exemple, leurs poids va avoir tendance à entraîner le reste du corps vers l’avant et à placer le buste en flexion. Il faudra alors, à plusieurs reprises au cours de la séance, se réajuster pour retrouver un équilibre forcément précaire.

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Aux ateliers que j’anime, je recommande deux positions des mains en fonction de l’assise choisie :

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  • La première consiste à simplement poser les mains à plat sur les cuisses. Elle se prête davantage à une assise sur chaise ou sur tabouret. Il est recommandé de les déposer sur la partie supérieure des cuisses afin de maintenir le buste en extension,

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  • la deuxième, que je favorise par la stabilité qu’elle procure, invite à placer une main sur l’autre en les appuyant sous le bas ventre. En se joignant, les pouces vont jouer le rôle de cale pour les avants bras.

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posture mains méditation

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En conclusion


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Le sujet anodin de la position des mains dévoile certains obstacles de la pratique et la tendance naturelle à souhaiter que quelque chose se passe. Alors que la Méditation est justement l’expérience de la non-expérience. Cette approche précise est une invitation à découvrir la pratique dans son aspect authentique et profond. C’est ainsi que la Méditation ouvre un champ des possibles que la science commence à peine à découvrir.