La Méditation est une pratique simple. La réelle difficulté réside dans la mise en place d’un entrainement quotidien. En effet, avant d’arriver à ce stade, les fondations sont précaires et il est facile de constater comme le moindre changement va perturber l’apprentissage. Il n’y a pas de solution miracle, mais un ensemble de petits détails, qui, cumulés les uns aux autres, permettront le rayonnement de cet outil ultime.

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  1. Essentiel de faire sienne la Méditation
  2. Une mise en place en douceur
  3. Le plein potentiel
  4. Facteurs exogènes
  5. Facteurs endogènes
  6. Pour finir

 


Essentiel de faire sienne la Méditation


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Il y a une distinction entre pratiquer la Méditation et devenir un méditant. Cela n’a aucun rapport avec le nombre d’heures de pratique ou le temps quotidien qui y est accordé. La différence est simplement, qu’à un certain point d’avancement, il devient plus difficile de ne pas méditer. Cela du fait du confort de vie induit par la pratique journalière. La véritable gageure est donc d’arriver à ce que cette hygiène cognitive devienne aussi naturelle que celle que nous appliquons à notre corps.

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Il m’arrive, pour des raisons diverses, mais qui, en général, sont relatives au fait que je ne sois pas chez moi, d’arrêter un moment ma pratique. Ce n’est pas un problème, la vie est vivante et ce qui fait de nous des êtres humains est notre capacité à s’adapter.

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Se souvenir pourquoi tous les jours s’asseoir et fermer les yeux fait partie intégrante du travail. C’est par la même, un bon baromètre de l’avancée dans le changement de perspective induit par l’outil. Lorsque qu’il y a une coupure, cela ne prend pas longtemps pour que j’observe un retour drastique en arrière, comme si mes vieux démons venaient me rendre visite. Juste trois jours pour m’interroger sur le pourquoi du comment cet esprit est beaucoup plus actif, cette sensibilité plus à fleur de peau, ces émotions si encombrantes, cette perte de lucidité. Et le quatrième jour, quelles que soient les circonstances, m’assoir à nouveau sur mon banc et reprendre la meilleure des addictions que je connaisse.

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Mais tant que l’outil n’aura pas été fait sien, il y aura cette probabilité de s’épuiser dans une mise en place fastidieuse. Du fait, d’une part, que l’effort à fournir est supérieur aux bénéfices. D’autre part, qu’il est impossible de réaliser sans s’y impliquer, à quel point l’existence est impactée de manière positive par la Méditation.

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Sortir au plus vite de cette zone de turbulences est l’enjeu principal. C’est d’ailleurs cette notion qui devrait déterminer la véritable valeur des cours et de l’accompagnement.

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Méditer au quotidien en douceur

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Une mise en place en douceur


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S’il est vrai qu’il serait idéal de pouvoir comprimer le temps, il s’avère qu’avant d’avoir franchi certaines étapes, il serait contre productif d’essayer de méditer au quotidien. Il y a tout d’abord celle qui consiste à trouver une position corporelle de confort, afin de permettre, à ce qui peut se présenter, au départ, comme un obstacle, de se faire complètement oublier. Une fois cette problématique résolue, peut se poser la question du choix des techniques. Il est difficilement concevable de commencer la Méditation sans support qui permette un travail préliminaire de stabilisation de l’attention. L’observation du corps et de la respiration sont à favoriser de par leurs constantes disponibilités et du support naturel qu’ils représentent pour l’esprit. Pendant ce temps d’expérimentation et de recherche, je conseille de respecter son rythme avec, idéalement, un rendez-vous collectif hebdomadaire consacré à la pratique permettant de poser convenablement les fondations.

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Aux ateliers que j’anime, je constate ce temps de mise en place incompressible, variant d’une personne à une autre. Celui-ci est, très souvent, confirmé par les participants.

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Dans des cas de réelles nécessités, comme dans l’accompagnement de la douleur chronique, il a été possible de commencer la pratique quotidienne au bout de quelques semaines seulement, avec, de manière concomitante, un accompagnement individuel hebdomadaire assurant un suivi précis, mais aussi, permettant de trouver le moment opportun de s’atteler à ce défi.

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Le plein potentiel au quotidien


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La Méditation peut être évoquée comme un véritable art de vivre, elle ne peut développer son plein potentiel sans une pratique quotidienne. C’est un entraînement mental qui vise à stabiliser ce qui a tendance à être naturellement éparpillé. Seule la répétition de l’acte va déterminer la progression.

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C’est un peu comme la marche en haute montagne. Il y a des paliers qu’il vaut mieux respecter pour aider le corps à s ́acclimater. La règle, à partir de 3 000 mètres, est de progresser par 500 mètres maximum de dénivelé journalier. Il est possible de monter plus haut mais conseillé de redescendre dormir en respectant ce différentiel. Pour celles et ceux qui connaissent le mal d’altitude, cela parait relever de l’exploit que de surmonter ces symptômes comme le font certains alpinistes aguerris. Cela n’est rendu possible que par l’entraînement qui permet une connaissance précise de soi dans ces conditions extrêmes. Une belle analogie du processus méditatif malgré des enjeux bien différents.

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Avec la Méditation, il sera impossible au début de s’affranchir de cette réalité puisque les étapes sont interdépendantes les unes des autres. Par la suite, comme pour un grimpeur professionnel, la constance permettra d’aller de plus en plus profondément en supprimant certains paliers.

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Le potentiel de la Médiatation
 

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Facteurs exogènes


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Certains éléments, relativement simples, vont contribuer à faciliter la mise en place de la pratique quotidienne. Des périodes plus introspectives comme l’automne ou l’hiver, sont favorables.

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  • Il est préférable de trouver un lieu précis, chez soi, dédié à cette activité. Aménagé comme un refuge, favorisant la sensation de protection du tumulte extérieur, propice à la paix intérieure, ce lieu protecteur doit résonner comme une invitation permanente à s’y mettre. Cela afin d’initier l’envie et la spontanéité. C’est, par la même, une manière de faciliter l’appropriation de ce jardin personnel et de le préserver. Dans la même perspective d’investir cet endroit spécifique, il est possible de créer un petit temple. Bien sûr, avec la Méditation laïque, il ne sera jamais question de représentations religieuses ou d’images personnelles chargées d’histoire, mais plutôt, d’animer cet espace avec des symboles du vivant comme une plante, des bougies, de l’eau… Cela ne devant pas favoriser l’imaginaire, mais au contraire, l’ancrage à la réalité. Il s’agit toujours de rester simple. Par exemple, une chambre à coucher remplit de nombreux critères si elle dispose de l’espace suffisant.

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  • De la même manière, quelle que soit l’assise choisie, il est idéal qu’elle puisse rester en place. Afin de créer le minimum de résistance mentale, il est important qu’elle ne demande aucun effort particulier.

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  • En fonction des contraintes de sa vie personnelle, il est recommandé de trouver un horaire qui se prête à la régularité. Celui-ci devra être propice à ne pas être dérangé, ni être préoccupé par des tâches en suspens. Un article entier a été rédigé en ce sens.

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  • Et si, malgré tout, de manière exceptionnelle, des aléas viennent rendre la séance impossible, ce n’est pas important puisqu’il reste tous les autres jours pour y remédier.

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Facteurs endogènes


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Dans cette partie, il est question d’attitude. Celle-ci est la composante décisive.

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  • Lors du débriefing des cours collectifs, la séance écoulée est souvent évoquée par une couleur en définissant la « réussite ». Il est important de réaliser que la Méditation est un véritable travail de fond. Ce sont les zones d’inconfort qui bougent les lignes. C’est pour cette raison qu’il est incontournable de développer une posture d’accueil et de neutralité. Cela en reconnaissant qu’avec la Méditation il n’y a rien à réussir ou à échouer, mais que c’est dans la répétition de l’acte que réside la véritable valeur. Une séance ne doit en aucun cas avoir la capacité d’éroder l’envie et quoi qu’il s’y passe être toujours porteur d’une nouvelle expérience avec soi. Se placer dans cette attitude de découverte et de curiosité, sans jugement, permet de s’installer dans le temps. L’impatience et l’éventuelle déception ne sont des problèmes qu’à partir du moment où la distance est rompue avec ces sensations, par définition, éphémères.

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  • Dans le même sens, l’objectif est, qu’à terme, le mental devienne notre meilleur ami en cultivant délibérément une attitude positive essentielle. Il s’agit de douceur, de patience, de gentillesse, de respect. C’est ce terrain favorable qui permet à la Méditation de s’enraciner.

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  • Il est important de distinguer discipline et rigidité. La différence est ténue. La première est indispensable alors que la seconde représente un handicap. Cela veut dire qu’il n’y a pas de problème à manquer des séances et devrait même être inhérent à toute mise en place. Pour autant, il n’est pas question de rester passif, mais au contraire de chercher les éléments bloquants, s’il y en a, afin d’y remédier en douceur, sans s’accabler.

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  • Cette écoute bienveillante portée à soi invite à chaque instant à ne pas se brusquer. Si le démarrage d’une séance s’avère trop difficile il ne faut pas hésiter à arrêter sur le champ. Il est important de s’affranchir de la dimension de la durée d’une séance, au point de s’autoriser à s’assoir et à se relever presque aussitôt du fait, par exemple, d’un manque de disponibilité évident.

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  • Essayer, autant que possible, de garder en perspective que la Méditation n’est pas un sprint mais, au contraire, affaire d’endurance. Renoncer plutôt que forcer préservera l’envie intacte, moteur de ce noble jeu avec soi-même.

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Pour finir


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Cet article se veut comme une invitation à persévérer. Pour qui passera le cap, les efforts fournis paraîtront bien dérisoires au regard du support quotidien inestimable que fournit la Méditation. Mais cela ne veut pas dire pour autant que le travail s’arrête là. Au contraire, c’est le début, en conscience, de ce magnifique chemin qui ramène à la maison.