La question du temps en Méditation est récurrente avec la croyance que la durée de la séance est un élément essentiel pour réussir à méditer. Renforcée par le fait qu’il est courant d’entendre des personnes engagées depuis des années dans la pratique parler du nombre d’heure passées à cet exercice.

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Par exemple, Matthieu Ricard a estimé le temps consacré aux pratiques spirituelles dans sa vie à approximativement 60 000 heures. Mais quelle valeur y accorder ? Cet article va aborder précisément cette constante afin d’en donner les clefs :

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  • la Méditation et la dimension du temps,
  • comment appréhender la durée de chaque séance ?
  • combien de temps méditer par séance ?
  • le partage d’expérience sur l’évolution de la durée d’une séance,
  • conclusion.

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La Méditation et la dimension du temps


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La Méditation revêt deux dimensions du temps qu’il est important de distinguer. La première, majeure, parce que sans elle il est impossible d’accéder à l’état méditatif, est de considérer la Méditation dans son processus global constitué d’étapes interdépendantes. Il ne s’agit pas simplement de s’assoir et de fermer les yeux mais de, petit à petit, cultiver un état propice à la prise de conscience de ce que pointe la Méditation. Et cela, fort heureusement, ne dépend pas des éventuelles milliers d’heures passées à la pratique mais plutôt de la sincérité et de l’authenticité de la démarche.

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La seconde dimension, que représente la durée d’une séance, est relative. Elle suit le cours naturel de l’investissement dans la pratique. Il est accordé à ce facteur une importance disproportionnée du fait de vouloir réussir quelque chose à court terme en contradiction avec la Méditation qui est un engagement à long terme.

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temps de méditation
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Comment appréhender la durée de chaque séance ?


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Une fois les éléments remis en perspective, le temps accordé à chaque pratique apparaît bien moins important que la fréquence.

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Le bénéfice de méditer seul tous les jours, même peu de temps, est bien supérieur qu’une fois par semaine longtemps.

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En effet, la réelle difficulté de la Méditation réside dans la mise en place d’une pratique personnelle quotidienne. Afin de faciliter cet objectif il est essentiel d’y aller en douceur. Cela consiste en partie à ne pas provoquer la sensation de devoir fournir un effort disproportionné pour s’y mettre et fatalement finir par renoncer.

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S’imposer une durée minimum va avoir pour conséquence d’ignorer les véritables éléments significatifs :

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  • l’état de fatigue,
  • la disponibilité,
  • la capacité d’attention,
  • l’environnement…
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Alors, combien de temps méditer par séance ?


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Fort de ces constats, il n’y a pas de temps idéal puisque celui-ci va dépendre d’un ensemble de critères objectifs :

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  • Si l’esprit, après s’être tranquillisé, repart dans son bavardage et qu’il devient difficile d’être présent, c’est le signe que c’est le moment d’arrêter,
  • de même si des gênes corporelles, notamment de l’impatience musculaire, se font sentir de manière insistante,
  • le niveau d’endormissement est lui aussi un marqueur. Il est normal dans une certaine proportion au début. Ce n’est pas le cas si une lutte constante s’installe lors d’une séance.

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C’est de cette manière qu’il va être possible de déterminer la fin d’une séance, voire de la remettre à plus tard si les conditions optimales ne sont pas réunies. Peu importe qu’elle ait démarré quelques minutes auparavant. Insister ne va procurer aucun bénéfice du fait de la crispation qui va être engendrée. Pire, elle provoquera, à terme, du dégoût pour la pratique.

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Le partage d’expérience concernant l’évolution de la durée d’une séance


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J‘ai pu constater, par moi-même et au travers des participants aux cours que j’anime, que la durée des séances de pratique personnelle suit une courbe croissante simplement par la régularité. En effet, il s’agit avant tout d’entraînement mental. Celui-ci consiste à répéter inlassablement les mêmes exercices de concentration afin de réunir les conditions sine qua non permettant l’état méditatif :

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  • le corps au premier plan de la conscience,
  • idem pour la respiration,
  • un rythme biologique ralenti,
  • le mental peut alors se stabiliser.

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La durée suit une progression qui est généralement graduée de cinq minutes en cinq minutes avec un premier cap important autour de 15 minutes. Avant ce premier palier le temps de chaque séance a tendance à être irrégulier parce qu’il consiste :

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  • à trouver la posture qui permettra que le corps ne soit plus une gêne,
  • à ce que l’esprit comprenne ce qu’il lui est proposé et qu’il y adhère,
  • à la mise en place d’un cadre propice à la pratique,
  • à être moins sensible aux éléments extérieurs,
  • à créer une routine indispensable à la mise en place de la pratique personnelle,
  • à stabiliser l’ensemble de ces éléments.

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Pour finir


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La Méditation est plus affaire d’attitude que de durée de séance. La frontière est ténue entre discipline et rigidité. Les « il faut » et « je dois » sont difficilement compatibles avec une bonne mise en place qui requiert de la patience, de l’écoute, de la gentillesse avec soi-même et pour finir de l’amusement à le faire.

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Considérer une séance comme une infime pièce d’un processus plus global permet de relativiser les éléments superflus.

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La seule chose qu’il y ait à réussir avec la Méditation est de réunir les conditions qui permettent de s’installer confortablement dans la durée. Le pragmatisme va avoir pour effet positif de se baser sur des critères objectifs, et non subjectifs, clef d’un dessin plus grand que de réduire la Méditation à la « réussite » d’une séance.

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Gaël Brajeul

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