Cet article est l’occasion de partager les raisons qui m’ont mené à la Méditation. Elles sont personnelles mais peut-être trouveront-elles en vous un certain écho ?

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Le constat


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La dichotomie entre l’imaginaire et la réalité a été l’élément moteur de ma recherche parce qu’elle était la source d’une grande frustration.

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J’appliquais à la vie la même stratégie qu’un joueur d’échec en essayant d’en anticiper son déroulement afin d’avoir plusieurs coups d’avance. Cela dans l’espoir de ne pouvoir être déçu par le « pire » pour en même temps en envisager le « mieux » afin d’œuvrer délibérément en ce sens.

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Mais force était de constater qu’il y avait un grand contraste entre l’idée du comment cela devait être et de ce qui au final était. C’était d’ailleurs cette discordance qui me posait un problème parce qu’elle me renvoyait à l’aspect vain du désir et à l’incompréhension des dynamiques de la vie elle-même. L’ironie était que la réalité aurait été tout à fait satisfaisante s’il m’avait été possible d’avoir la souplesse d’esprit de simplement changer de point de vue.

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Le mental, seul maître à bord


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À cette époque, je n’avais rien pour venir contre balancer la toute-puissance de l’esprit.

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Les pensées actives, qui consistent à se parler à soi-même ou à ruminer, étaient dominantes au point que j’avais la fausse sensation que cela ne s’arrêtait jamais. Tout passait au travers de ce filtre qui décortiquait, interprétait et décidait.

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Les réelles difficultés n’étaient d’ailleurs pas les pensées elles-mêmes mais le fait que je me fiais à ce monologue et l’alimentais. C’est ce dernier élément qui me noyait dans cette dynamique et ne me laissait entrevoir aucune échappatoire. Une pensée en soi est insignifiante au même titre qu’un flocon de neige, mais qui, en s’agglomérant, peut créer une avalanche !

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L’identité


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Autre élément décisif venant parfaire cet ensemble en lui donnant toute sa crédibilité. Cette image virtuelle de soi construite à partir d’histoires, celles de son enfance, de sa famille, de sa patrie, de son espèce… Il ne peut y avoir de définition de soi sans en délimiter les contours.

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La richesse de mon héritage familial mixé à mon incapacité d’entrer dans le « moule », malgré toute ma bonne volonté, ont forgé cette vision limitée de moi. J’avais plus de raisons qu’il n’en fallait pour me victimiser et tenir le haut du podium. Alors comment aurais-je pu avoir une once de responsabilité dans la « pièce » qui se jouait bien malgré moi ?

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Mes symptômes


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Ils étaient nombreux mais je vais évoquer ceux qui m’apparaissent essentiels et qui ont contribué à ma réelle décision de changement :

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  • Tout d’abord le faire, refuge qui permet de se soustraire à la dominance de l’activité mentale et de la sensation de mal-être qui en découle. Il est naturel de s’évertuer à fuir ce fonctionnement encombrant en focalisant l’esprit sur des tâches. Le travail par exemple, avec pour but de gagner sa vie, en est un élément important. Je m’évertuais à m’y investir sans limite avec un état d’esprit de conquête. Mais au final, cette compétition avec moi-même et les autres me laissait songeur quant au sens réel de la vie.

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  • La propension au contrôle qui consiste à essayer de tout maitriser et cela aussi bien pour soi que pour les autres. C’est comme avoir un policier à sa porte, détenteur de ce qui est approprié de faire et de quelle manière.

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  • Essayer d’être comme un Bouddha en ayant une définition claire de ce que cela devrait être sans aucune conscience de l’arrogance que cela présume.

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  • Ce que j’appelle le comportement robotique. C’est-à-dire ces différents boutons qui, lorsqu’ils sont enclenchés, le plus souvent de manière fortuite, produisent des réactions en chaîne qui échappent complètement à son auteur. La colère en est une des expressions multiples et variées, qui pour ma part pouvait émaner d’une tendance, qui devenait au fil du temps obsessionnelle, à la jalousie. C’était devenir spectateur de moi-même, en sachant exactement où cela allait mener, sans avoir la moindre possibilité de l’empêcher.

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  • La sensation de vivre à de multiples reprises des expériences similaires comme si la vie voulait me dire quelque chose que je n’étais pas en mesure d’entendre. Les situations étaient différentes, les personnes étaient aussi différentes, mais en définitif, l’expérience était la même. Une sorte de boucle dont je n’arrivais à m’extraire et qui se répétait à l’infini.

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  • Une grande sensation de vide que j’essayais de me cacher ou de remplir. Avec comme corollaire une propension à une conduite compulsive et addictive.

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Pour finir


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Le chemin fut long mais cela ne pouvait être différent en partant de si loin. C’est un message d’espoir parce que ce qui a été possible pour moi l’est alors pour tout le monde : une décision sincère et authentique. La dernière chose que je souhaite partager est justement le souvenir de ce jour où j’ai fait ce choix déterminé qui m’aura mené à la Méditation. J’ai pris ce temps avec moi-même de poser l’équation de ce qui était : s’il fallait vivre plus mort que vivant alors pourquoi ne pas avoir le cran de mourir vraiment en tuant ce corps ? Mais une autre possibilité a immédiatement émergé et qui est apparue bien plus courageuse : celle de chercher comment devenir réellement vivant !

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Gaël Brajeul