Le Taoïsme est une philosophie de vie Chinoise qui établit que seule l’Harmonie entre l’Humain et la Nature  permettrait d’accéder à la Sagesse. Il fait en rien l’apologie de l’extraordinaire mais de l’ordinaire. C’est au travers de la poésie et de métaphores qu’il nous invite à découvrir la Vérité.
Il n’est pas ici question de mettre une étiquette ou d’essayer de poser les contours de la pratique de la méditation mais de continuer à alimenter la recherche de la Vérité dans laquelle c’est engagé tout méditant.
Le Tao (« Voie ») de la méditation selon Lao Tseu dans son ouvrage le Tao tê king (La Voie et sa Vertue) vers 600 avant J.C. :

  1. Revenir à la racine;
  2. Parvenir au faîte du vide;
  3. Garder fermement le repos;
  4. Rétablir l’initial;
  5. Être ordinaire;
  6. Voir clairement;
  7. Tout accueillir, tout recueillir;
  8. Être juste;
  9. Être entier;
  10. Être le ciel;
  11. Être le Tao;
  12. Vivre longtemps.
  13. L’image de la racine est omniprésente dans le taoïsme. Méditer sur la racine revient à s’établir dans le non-manifeste, dans ce qui n’est ni ceci ni cela, dans l’indéterminé, au croisement des possibles.
  14. Pour ce faire, le pratiquant se tient littéralement « nulle part ». Au delà ou en deçà du oui et du non, du blanc et du noir, par delà le bien et le mal, en dehors de la dualité. Dans la pointe acérée du « rien ».
  15. Lorsqu’on se tient à la pointe du »rien », la sérénité apparait, c’est l’absence de trouble. Le trouble pour les Taoïstes nait de la dualité, de la partialité, du ceci au détriment du cela et vice versa.
  16. Le repos véritable est la disposition la plus fidèle à la racine. Une fois disposé, le pratiquant peut être initié, c’est à dire entrer en rapport avec l’initial, au principe de toute chose.
  17. Lorsqu’on rentre en rapport avec l’initial et qu’on établit en soi le commandement, il est possible de devenir ordinaire. Le sommet de la vie Taoïste est d’arriver à vivre une vie ordinaire, c’est à dire fidèle à l’ordre simple et naturel des choses comme elles sont. C’est arrivé à ce point que la méditation peut s’intégrer à l’ensemble des pratiques les plus quotidiennes et anodines.
  18. Lorsque tout est posé, ré-initié et bien ordonné, on peut devenir intelligent. La pratique ne consiste pas du tout à se montrer malin ou ingénieux mais à être véritablement d’intelligence avec le monde, les êtres et la variété toujours changeante des situations.
  19. Étant d’intelligence avec tout ce qui survient, le pratiquant peut tout accueillir, ne rien rejeter. Il devient comme le disait Confucius,  » le vase à offrande du monde ».
  20. Tout accueillir ne signifie pas tout mélanger. Ainsi, à la pratique de l’accueil  succède autant que correspond celle du discernement, c’est à dire de la justice comprise comme faculté d’attribuer à chaque chose et à chaque être sa juste part.
  21. Lorsque tout est accueilli et que chaque chose est à sa place, alors survient la véritable unité, qui n’est jamais réductible à l’uniformité du confondu mais à l’harmonie ajointé. « Garder l’un » est l’une des maximes du Taoïsme qu’il faut comprendre à partir de l’entièreté, c’est à dire lorsque tout communique avec tout.
  22. Devenir comme le Ciel peut caractériser l’état de pleine liberté. Tout est ouvert, clair et sans limite.
  23. Cet état de parfaite liberté revient, pour Lao Tseu à être comme le Tao. Nos actions cessent d’être l’expression maladroite de nos volontés particulières. Ce n’est plus nous qui agissons mais le Tao, c’est à dire « la mouvementation » même de la réalité ou de la nature.
  24. Le terme de ce chemin, dont Lao Tseu mentionne les étapes, est pensé comme un retour à la vie elle-même. Redevenir véritablement vivant, c’est cela être immortel pour un Taoïste, et la méditation est, dans cette perspective, la pratique la plus élémentaire qui soit : l’exercice approfondi de vivre pour de bon !

 
© Alexis Lavis pour l’Obs hors série Méditation juillet – Août 2015