Assez rapidement, à mesure de mon engagement dans la pratique de la Méditation, j’ai entendu parler du « Chemin ». Cela a pris du temps pour que cette notion, que je ne comprenais pas, prenne tout son sens. Mais ce fut immédiatement une bonne nouvelle de l’apprendre parce que, s’il y avait « un Chemin », cela voulait dire qu’il était possible de le suivre. Aujourd’hui, il est devenu, à mes yeux, plus réel qu’une voie Gallo-Romaine malgré la matière en moins. C’est en devenant un authentique Méditant qu’il s’est éclairci naturellement. Je vous livre ici une version simplifiée, vulgarisée du « Chemin » par souci de limpidité et surtout parce que la vie est trop diverse pour pouvoir la résumer. C’est le premier article d’une série consacrée au « Chemin » dont le prochain sera : Comment avancer sur celui-ci ?
Le commencement
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N’avez-vous jamais entendu dire qu’il n’y a rien à devenir parce que votre nature est déjà parfaite et éveillée ? C’est la réalité, nous naissons tous éveillés. C’est notre nature et il n’est pas possible de la perdre. Cet esprit « vide » avec lequel nous sommes nés ne peut pas s’évaporer. Il suffit de regarder dans les yeux d’un bébé pour être émerveillé par cette innocence : un véritable Bouddha. L’esprit « vide », pour faire l’expérience de la vie sur terre, a amené avec lui un corps-esprit qui est séparé. A mesure du temps, ce fabuleux véhicule qu’est le corps-esprit va se développer et commencer à mettre les formes en nom : une chaise, maman, papa, je suis, je veux… Ce bébé, qui est pure innocence, va grandir et cet esprit « vide », qui restera toujours « vide », sera complètement oublié.
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L’illusion
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Viendra le temps où l’individu va entièrement tourner sa vision vers le monde limité des apparences : ce qu’il voit, ce qu’il sent, ce qu’il ressent, ce qu’il entend et ce qu’il peut toucher deviennent son unique réalité. Ce fonctionnement est naturel et il est impossible d’y échapper. De façon concomitante, la part créative de l’esprit va émerger avec le pouvoir de se convaincre que l’imagination est bien réelle : les rêves, les anges, dieu, le diable, les questions existentielles, l’ésotérisme et toutes les formes de croyances… Cet esprit créatif va devenir le seul maître à bord et la personne va se diluer dans le moi, les autres : c’est la dualité ou la séparation. L’instinct de survie est la racine de la dualité et peut avoir pour conséquence la jalousie, la cupidité, l’arrogance, le complexe de supériorité ou d’infériorité, la comparaison, la compétition, le misérabilisme… La vie ne nous souhaite pas de mal mais nous ramène inlassablement, invariablement au « Chemin » qui représente, par essence, le véritable travail que chacun a la possibilité de réaliser.
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L’esprit, tant qu’il n’est pas libéré, peut prendre un nombre infini de formes comme un dégradé de couleurs allant du plus obscur au plus clair. Mais même le plus clair aura ses parts sombres. Les maux de l’humanité sont la conséquence de la dualité. C’est ce potentiel qui fait de nous des humains : dans une main pouvoir venir à savoir qui nous sommes vraiment et dans l’autre pouvoir être si cruel, en dessous de n’importe quel organisme vivant que la nature puisse être.
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La prise de conscience
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Ce magnifique ordinateur organique, l’esprit, qui essaye de tout accepter, d’aimer de façon inconditionnelle peut, tôt ou tard, exprimer l’impérieuse nécessité de sortir de l’illusion. Là encore, c’est naturel et c’est une chance que l’esprit cherche à retirer ce bandeau qui l’aveugle. C’est le signal qu’il a finalement acquis la maturité et l’humilité nécessaires. Il sait dorénavant qu’il ne sait pas, qu’il ne peut pas réaliser l’impossible.
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Alors, peut commencer une étape de recherche de techniques, de pratiques qui ont pour but d’essayer de retirer ces chaussures deux tailles trop petites : parler, analyser, se relaxer, positiver, imaginer, créer, chanter, danser… Mais ces souliers sont tellement petits et serrés que rien que d’être étreint par un « sage » va donner l’impression d’une totale libération. Pourtant, cela ne suffira pas et certains se rendront compte, qu’après avoir apprécié l’apaisement d’ôter leurs chaussures pour un moment, il faudra bien admettre qu’elles n’ont toujours pas changé de taille. C’est l’opportunité de voir avec sincérité les méthodes qui ne marchent pas, qui ont pu néanmoins être une aide précieuse, pour finalement arriver à ce qui fonctionne.
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Le réveil
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Alors, éventuellement, cela deviendra plausible d’entendre parler de Méditation ? C’est l’opposé de « couper les cheveux en quatre », d’analyser ou de philosopher en arrêtant justement de tourner en rond. Ce n’est pas difficile, il suffit de se taire, de fermer les yeux et de voir ce qui est. A ce moment cet esprit né « vide » retrouve sa réelle valeur : c’est le refuge vers lequel pointe la Méditation. C’est l’étape où l’esprit sera plus tranquille en étant au repos plutôt qu’excité autour de ses propres pensées. C’est le temps d’être officiellement sur le « Chemin », de laisser le compliqué derrière pour aller vers la simplicité. Là, seulement, vous pourrez vous retourner et constater que vous avez toujours été sur le « Chemin ». Cette étape permet de se débarrasser des problèmes, de commencer à apprécier le cadeau qu’est la vie même si la vision n’est toujours pas la bonne.
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Là encore il est facile de s’égarer parce qu’il est possible de méditer pendant 20 ans, 30 ans, toute une vie sans découvrir le message de la Méditation. Cela peut s’expliquer en restant bloqué avec des techniques, des dogmes ou en commençant à glisser vers l’ésotérisme. Bien sûr qu’il peut se passer des choses pendant la Méditation mais en réalité rien ne doit se passer. Et quoi qu’il se passe cela ne va pas durer. Juste une expérience dont la nature est de venir et de repartir.
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Au delà des apparences : la libération
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C’est la fin du « Chemin ». Là où le puzzle s’assemble complètement et parfaitement. L’accomplissement qui permet de devenir réellement humain, adulte et non quelqu’un de spécial. La souffrance s’arrête parce que l’esprit est définitivement libéré. C’est ce que nous voulons tous au final : rentrer à la « maison » et enfin se délecter du cadeau. C’est le bonheur inconditionnel, celui qui ne dépend plus des circonstances : un corps dans un esprit sain.
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L’éveil est un mécanisme physiologique scientifique malgré cette croyance bien enracinée qu’il ne peut y avoir de fin. Et si jamais il y en avait une, elle serait forcément réservée à des êtres d’exception. La Vérité est aussi ordinaire que celle qui fait de la nature de l’eau d’être mouillée. Elle est si ordinaire et simple que pour beaucoup elle ne peut être vraie. C’est pourtant la réalité et, finalement, comment pourrait-elle être autre chose qu’accessible par tout le monde, sans distinction, ici et maintenant, sans début ni fin ?
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Pour finir
Ce que je partage avec vous a été une aide précieuse me concernant. C’est à partir de ce moment que j’ai arrêté d’avancer à tâtons et que j’ai pu me consacrer au seul et réel travail qui soit : la Méditation. Cela demande un engagement total mais en retour c’est tellement gratifiant. Il n’y a rien de plus beau qui puisse être réalisé au cours d’un passage sur terre que l’éveil à sa véritable nature. En ce sens c’est une fabuleuse époque : ce qu’il fallait mettre une vie d’ascétisme pour éventuellement accomplir est devenu accessible. Cela ne dépend que de la sincérité et de l’authenticité de votre engagement.
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La terre a aussi grandement besoin que nous nous éveillons à notre véritable nature pour stopper le processus de destruction de la magnifique biosphère qui nous accueille. Nous sommes une extension de la nature et parce que nous en sommes les êtres les plus développés nous avons la responsabilité de prendre soin d’elle, de prendre soin de l’innocence. C’est ce que fera naturellement cet esprit quand il sera libéré.
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Une des difficultés de la notion de « Chemin » réside dans le fait qu’il n’est possible de le contempler qu’à posteriori, une fois parcouru dans sa presque globalité. Exactement comme il faut s’immerger dans la pratique de la Méditation pour commencer à voir de quoi il en retourne. Mais cela est un tel cadeau d’avoir l’opportunité de réaliser officiellement ce travail qu’il ne restera à la fin que le plus beau des mots :
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LA GRATITUDE
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© la Méditation guidée, Gaël Brajeul tous droits réservés.
J’ai adoré ce style épuré, style que l’on retrouve dans les livres de sagesse. C’est extrêmement clair au vu de la complexité du message.
D’abord l’esprit vide, puis le monde limité des apparences comme unique réalité. Alors vient la nécessité de sortir cette illusion.
Enfin, expérimenter ce qui ne marche pas pour mieux y renoncer. C’est là que l’esprit né « vide » retrouve sa vraie valeur par la méditation.
La boucle est bouclée. Oh surprise ! On ne peut la voir que lorsque l’on regarde dans le rétroviseur. Limpide.
Vraiment bravo et merci pour la clarté des idées à recevoir, bien au delà des idées reçues.
Merci Franck pour ce commentaire très encourageant ! Ces simples et beaux retours donnent du coeur à l’ouvrage pour continuer ce travail d’écriture passionnant… Une communauté commence tranquillement à se fédérer autour de ce qui anime ma vie depuis plus de 15 ans. C’est très gratifiant.
A la recherche d’un bien-être, j’ai eu pendant plusieurs mois des chaussures deux tailles trop petites, essayant différentes méthodes qui, pour être sincère, ne demandaient pas d’investissement réellement personnel, je laissais faire les autres.
Si j’en ai apprécié certains bienfaits, ils étaient éphémères. J’avais besoin de plus.
J’ai enfin écouté mon envie et j’ai décidé de découvrir la méditation.
Une pratique d’une fois par semaine au début….je laissais de nouveau faire les autres, me contentant juste du cours guidé.
Et puis, malheureusement, j’ai dû diminuer puis arrêter la salsa que je pratiquais en parallèle. (Je pense d’ailleurs que la méditation m’a aidé, j’ai accepté cette déception de façon plus posée).
M’est revenu alors en tête qu’il avait fallu m’entraîner plus d’une fois par semaine et persévérer pour pouvoir progresser et profiter pleinement de ce que la danse m’apportait.
Pour la méditation, c’est pareil. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir entendu qu’une pratique régulière était conseillée. J’entendais mais je n’écoutais pas.
Et enfin, j’ai décidé d’écouter, d’utiliser les techniques mises à ma disposition (principalement par Gaël) et méditer de façon plus régulière.
Aujourd’hui, mes méditations ne sont pas très longues (20 minutes) mais beaucoup plus fréquentes.
Tout cela pour dire, qu’il y a quelque temps je n’aurai pas compris à sa juste valeur cet article.
Il m’est difficile de certifier – puisque je lis aussi qu’après 20, 30 ans, toute vie de méditation il est possible de ne pas découvrir son message – mais à cet instant je crois pouvoir dire que certains jours, cet esprit vide je le ressens. Être en position de faire taire la petite voix qui harcèle de questions, de demandes, de jugements et qui anticipe tout, aller vers la simplicité…que c’est reposant.
Mais aussi, je vis chaque moment de façon beaucoup plus présente, je savoure, je suis bien là.
Mon parcours sur le Chemin n’est pas bien long (après avoir pris conscience, j’en suis simplement au réveil mais comme je suis une grosse dormeuse…pas encore réveillée) néanmoins il est déjà moins tortueux, plus apaisé…je chemine plus légère 🙂
Merci Gaël pour cet article qui a demandé du temps pour une finalité simple et claire. Un article qui donne envie de persévérer.
Merci pour ce retour d’expérience précieux !
L’investissement personnel, faire taire la petite voie, l’esprit « vide »… Nous voilà au coeur du travail méditatif : observer, voir pour ne plus subir et finalement avoir le choix.
Si en plus cet article donne envie de persévérer alors cela donne tout le sens à ce travail d’écriture fastidieux dont Nattye, par ses critiques, sa relecture et ses corrections, est un élément moteur essentiel…
Merci. Un article qui tombe à pic sur mon chemin.
Rien à souhaiter de plus, merci !